STOCK(S) Aligand – Corthay Filippi – Guintrand Ruaulx – Soulerin Thommen
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Ausstellung04.11.2023 - 16.12.2023
STOCK(S) Samuel Aligand – Pierre Corthay Olivier Filippi – Guillaume Guintrand Sylvie Ruaulx – Olivier Soulerin Jean-Marc Thommen
Ici, les œuvres de sept artistes (Samuel Aligand, Pierre Corthay, Olivier Filippi, Guillaume Guintrand, Sylvie Ruaulx, Olivier Soulerin et Jean-Marc Thommen) sortent de leurs réserves. Dessins, peintures, sculptures et matériaux réunis s’absentent de leurs ateliers jusqu’aux salles de l’Espace d’art Chaillioux et cohabitent le temps d’une exposition collective pensée comme une transition, un lieu intermédiaire provisoirement traversé d’objets « recouverts de couleurs en un certain ordre assemblées. » Posés, déposés çà et là aux murs et au sol des deux niveaux du Centre d’art et de ses 350 m2 de surfaces dédiées, les œuvres exposées montrent leurs volumes, leurs formes et leurs matérialités, les écarts qui les séparent et ceux qui les rapprochent. Sur la durée, les réserves des artistes s’accommodent de ces rencontres selon le soin et l’ordre que chacun y attache et l’espace qui y autorise : une histoire personnelle s’y murmure parfois comme celles des sept artistes qui dévoilent ici une part de leurs stockages.
J.-M. T.
Pour cette vingt-septième exposition, nous avons demandé à un collectif d’artistes de nous proposer des œuvres d’une grande diversité mais qui partagent, cependant, une évidente délectation gourmande pour la couleur, qu’elle soit appliquée sur des surfaces ou sur des volumes, sur des supports riches ou pauvres, originaux ou détournés.… Notons, il est important de le souligner, que la plupart des artistes présenté(e)s dans cette exposition sont ou ont été engagé(e)s dans la promotion de la création contemporaine, au service de leurs collègues plasticien(ne)s.
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Les matériaux de prédilection de Samuel Aligand sont des matières plastiques colorées auxquelles il applique des traitements variés. Il les forme ou les déforme à chaud ou à froid, les pétrit, les souffle, les façonne, les extrude, les découpe, les malaxe… Ses productions sont à l’échelle du geste qui les a créées : de la main aux dimensions du corps. Le hasard et la perte de contrôle – très temporaire – du processus de leur émergence, jouent aussi un rôle important dans la genèse de ses œuvres. Vitesse dans l’exécution, spontanéité et travail en aveugle sont aussi convoqués. L’artiste les revendique quand il déclare : « C’est une manière de faire place au surgissement de l’imprévu en se rapprochant de la vélocité et des aléas de la pensée dans des gestes qui amènent les matériaux à des états limites. » Les œuvres de Samuel Aligand ont un aspect organique, comme s’il s’agissait de mues ou d’étapes dans la métamorphose d’animaux improbables. Le spectateur est confronté à des formes naturelles qui auraient subi d’irréversibles transformations. Il est témoin d’une véritable inversion des rôles, de perméabilité entre les mondes vivants et matériels, de retour à un état primordial qui évoque le cycle irréversible de la naissance, de la vie, de la mort et de la régénération… Fantastiques, merveilleuses, sans nul doute, ses pièces, grandes ou petites, en deux ou en trois dimensions, présentent la double caractéristique de conserver des traces de leur fabrication et de révéler l’intériorité de l’artiste. C’est ce qui a amené un des commentateurs de ses œuvres à poser la question : l’aventure intérieure est-elle soluble dans la peinture ?
Pierre Corthay, bottier de formation et de métier, utilise les emballages les plus divers comme matière première pour ses travaux : cartons, coques thermoformées, matières plastiques, cales… Il les découpe, les assemble, les colle et les peint pour réaliser des volumes, de dimensions modestes, dont l’aspect évoque des matériaux plus nobles : bois, métal, porcelaine, céramique, terre cuite… Il les présente sur des étagères, comme les trophées d’un improbable cabinet de curiosités, ou accrochés au mur. Il serait tentant d’établir un rapprochement entre la pratique professionnelle de cet artisan formé chez les Compagnons du Devoir et sa démarche de plasticien. La chaussure n’est-elle pas, après tout, un emballage du pied ? Tout comme une paire de souliers, un empaquetage ne permet-il pas à un objet de se déplacer sans dommage ? Deux formes de mobilités au quotidien ? Certes les processus, s’appuyant sur la transposition en dessin d’une idée précédant la mise en volume du matériau brut, peuvent être similaires… Mais le parallèle s’arrête ici. Quand la chaussure convoque une matière première noble, vivante et durable – le cuir –, les sculptures de Pierre Corthay recourent à des matériaux de récupération, pauvres, rarement organiques, normalement voués à une destruction rapide, à la désuétude. Là où les souliers sont conçus pour être vus de l’extérieur, les volumes de Pierre Corthay se complaisent souvent à révéler leur intérieur, leurs tripes… Plus qu’une similarité entre ses activités artisanales et plastiques, il s’agirait d’une forme de complémentarité, de reflet en miroir de procédés et de démarches éprouvés depuis des décennies… Nous sommes, chez Pierre Corthay, face à un double processus : recyclage et détournement, avec pour résultat la promotion de l’insignifiant au statut de production artistique. On pourrait parler d’upcycling, néologisme qui porte en lui la notion de progression dans une hiérarchie des valeurs.
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