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Espace d’art Chaillioux

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Espace d’art Chaillioux

Jaky La Brune, diplômée de l’École des Gobelins, a fait ses premières armes dans le monde de l’art underground. Elle découvre la peinture en réalisant des pochettes d’album. Elle définit son travail comme étant un exutoire vital qu’elle exprime par la peinture, la sculpture, la performance et la vidéo. Son inspiration plonge ses racines dans sa propre expérience de la vie, dans ses tourments et dans ses interrogations. On pourrait parler d’une forme d’auto-psychanalyse par le biais de ses productions plastiques. Ses thématiques de prédilection sont la violence du sexe, les déchirements de la passion amoureuse, les troubles de l’identité et, plus généralement, les émotions humaines, notamment les rapports plus ou moins inhibés de la douleur et de la sensualité. Les sujets convulsés et les couleurs criardes de ses toiles renvoient aux œuvres des artistes du groupe CoBrA, notamment à celles d’Asger Jorn. D’aucuns pourraient faire un parallèle avec les productions de l’art brut ou singulier des naïfs mais il n’en est rien. En effet, ses compositions, son registre chromatique et ses figurations d’anatomies déformées, malgré leurs excès, témoignent d’une connaissance approfondie de l’histoire de l’art, des primitifs à nos jours. On y retrouvera, d’ailleurs, des références religieuses, chamaniques ou littéraires... Plus du côté de Rabelais que de la comtesse de Ségur ! Jaky La Brune crée aussi des masques, des poupées, des sculptures, des costumes dont elle peut, à l’occasion, se revêtir. Dans ces œuvres, tout comme dans ses peintures, s’exprime un panthéisme rebelle et libertaire explorant un monde imaginaire toujours ouvert et prêt à absorber – à phagocyter, pourrait-on dire – tout ce qui s’en approche… Y compris le spectateur…

La peinture de Jean-Marc Trimouille, colorée, vibrante, vibrionnante, immersive, échappe aux classifications traditionnelles. On y reconnaît l’engage¬ment corporel de l’action painting étasunien avec son objectif d’une non-figuration radicale détachée du réel et, simultanément, une sorte de pulsion de représentation qui pourrait s’inscrire dans la descendance des Nymphéas de Monet. On peut, en effet, y voir des paysages mais leur identification à quelque chose du monde sensible reste illusoire, même si les titres des œuvres peuvent donner une piste ou, peut-être par jeu, nous égarer vers un ailleurs qui se situerait à l’intersection du geste créateur du peintre et de la quête de compréhension du spectateur. C’est dans ce rapport complexe entre l’artiste, son œuvre et son regardeur que se situe l’enjeu de la peinture de Jean-Marc Trimouille. Piège à regards, la toile est à la fois une manifestation – une épiphanie – d’une action fondatrice et un miroir réfléchissant les attentes, doutes, pulsions ou regrets d’un observateur qui doit, à son tour, mobiliser sa conscience, aiguiser son esprit, s’engager pour y pénétrer de plain-pied. Sur ce terrain de jeu, dénué de tout investissement autre que la peinture, ses envoûtements et sortilèges, tout le monde est gagnant… Et l’artiste de conclure : « Ce qui compte en définitive, ce n’est pas le rapport à l’intime, au social, au politique ou à quelque autre cible déterminant une posture critique de convenance ou de confort moral, c’est fondamentalement, toute scénarisation de soi étant superflue, de quoi l’être est fait dans son rapport à l’art. »

Ordonner le chaos à moins qu’il ne s’agisse de déranger l’ordre des choses, telle semble être la démarche de Marie Pernet. Ses peintures recherchent un état d’équilibre, que l’on imagine définitivement instable, entre des formes, des taches, des aplats, des signes, des graffitis à la bombe… le tout dans une joyeuse explosion de couleurs vives que ponctuent des motifs méticuleusement dessinés qui donnent de la profondeur aux compositions. Peinture, collage, écriture, dessin… les techniques se combinent, sans plan ni hiérarchie prédéfinis, pour proclamer haut et fort une liberté qui se joue des conventions plastiques et crée de nouveaux horizons, plus chimériques que factuels, plus mentaux que physiques. Impossible, dans cet univers tourbillonnant, de discerner ce qui relève de l’échelle du microscopique de celle du cosmique, de distinguer le bouillonnement embryonnaire de celui des galaxies, de séparer ce qui préexiste de tout temps de ce qui résulte des tensions inexorablement entropiques de l’univers, de différencier la gestualité expressive de l’artiste de la stabilité de son substrat qui, lui, semble immuable, solidement affirmé et ancré, de faire la part de l’imprévisible accident et du fermement réfléchi. Devant tant de paradoxes, le regardeur, désarçonné, ne peut rester indifférent. Il est inexorablement englouti dans un vortex dont il ne peut s’échapper indemne.








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