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macparis printemps 2023

Ici les fragments de la fonte du pare-brise d’une voiture brûlée prennent l’aspect de coquilles d’une espèce d’huître nouvelle et insolite. Là, une grande feuille de laurier du Portugal, découpée et lacérée, se transforme en plume d’un gigantesque et improbable oiseau. Là encore, des morceaux de troncs ou de branchages, revêtus de peau de vache, de chèvre ou de cheval, se muent en des êtres hybrides qui suscitent attraction ou répulsion, selon la façon dont le spectateur les considère…

Laurent Gongora dote ses productions de désignations latines techniquement factuelles mais fantaisistes, à la manière dont les naturalistes le font pour leurs propres découvertes. Dans tous les cas, il met en évidence les affinités et la perméabilité entre les règnes minéral, végétal et animal. Plus généralement, dans ses œuvres, le doute subsiste toujours entre ce qui est réel et ce qui relève de l’imaginaire ou de la mystification, entre un vrai et un faux… Une façon d’aiguiser les facultés perceptives du regardeur, en ces temps où fait et fake deviennent de moins en moins distinguables…

Mélissande Herdier, utilise toutes les possibilités techniques du graphite : sous sa forme solide de la mine pour dessiner, en poudre pigmentaire et dans divers états intermédiaires qu’elle exploite en les mêlant avec des apprêts, des liants, dans une succession de bains, à la façon dont on révèle un tirage photographique en noir et blanc. Les textures résultantes ont un aspect indécis pour le spectateur, quelque part entre dessin, peinture et photographie telle qu’on la pratiquait à ses origines. De sa pratique elle écrit : « La circulation de l’eau sur le papier, tant aléatoire que volontaire, laisse les dépôts de pigments en poudre donner à l’image une première ossature. À partir de ce squelette d’ombre et de lumière, touches à l’aquarelle et retouches à la mine viennent successivement préciser le sujet. »

Ses sujets de prédilection ont un rapport avec la géologie ou avec cette matière primordiale dont le monde serait issu, ou bien encore avec des astéroïdes ou de modestes silex trouvés au hasard de ses errances. Ils peuvent aussi évoquer des phénomènes naturels ou météorologiques, loin de toute trace de présence humaine. La notion de temps, fragmenté, s’efface. Celle d’espace peut, selon la façon de regarder les œuvres, paraître dilatée aux dimensions de l’univers ou réduite à celles d’un bouillon de culture. Face à ce que l’on ne peut, faute de mieux, désigner que comme des dessins, elle présente parfois des pièces en céramique s’inspirant de débris végétaux ou autres, dans une mise en scène qui laisse le regardeur déconcerté par ce qu’il perçoit comme un monde fantastique, simultanément étrange et familier.

Julia Huteau est sculptrice. Elle a accepté de relever le défi d’occuper les casiers du grand escalier du Bastille Design Center. Elle utilisera aussi deux des comptoirs en bois du XIXe siècle de cet ancien magasin d’usine de quincaillerie pour y présenter des pièces de plus grandes dimensions.

L’univers de Julia Huteau est, selon ses propres mots formel et concret. Ses sculptures affectent des formes résolument abstraites mais dans lesquelles le spectateur, quand il y est confronté, discerne des influences d’un univers autre que celui des arts plastiques : la géométrie dans l’espace, la combinatoire, la topologie, la propagation de la lumière, certaines expériences de la physique sérieuse ou amusante, voire des considérations sur la philosophie des sciences… Il y est question de relations d’échelle et d’équilibre, de compacité et de rayonnement spatial, de raisonnable et de distraction, de logique et de jeu… Peut-être l’artiste veut-elle aussi nous interroger sur le rapport de l’œuvre d’art à un réel qui reste à découvrir… Les couleurs, goulument chaleureuses, apportent une dimension sensuelle, à tel point que le spectateur a une forte envie d’enfreindre le tabou de l’interdiction de toucher des œuvres exposées, de se les approprier physiquement. Il s’agit, pour l’artiste « d’agir en superposant deux réels, le virtuel et le matériel, et de créer une œuvre témoin qui cherche à agrandir nos imaginaires. » Et nous en avons bien besoin en notre époque minée par la dictature du matérialisme de l’immédiateté.

La peinture de Ranou Kadi est peuplée d’oiseaux de toutes espèces, de toutes tailles. Dès son plus jeune âge, en Algérie, l’artiste a été fasciné par ces animaux, au point d’avoir pensé devenir vétérinaire, puis éthologue, avant de se tourner vers les beaux-arts. Cette passion initiale pour le comportement de la gente ailée se manifeste dans toutes ses œuvres. Il dote ses sujets de personnalités fortes et marquées, par leur stature, leurs poses souvent figées, dignes, fières, et leur regard scrutateur qui soutient celui du spectateur. Ce sont donc de véritables portraits de personnalités affirmées, douées d’une intelligence propre et d’une capacité d’introspection qui n’ont rien à envier à celles des humains.

Les fonds, denses et sensuellement texturés, globalement monochromes, soulignent cette nature. Parfois, quelques accessoires, peints ou collés, établissent un pont entre le monde animal et celui des humains. Ailleurs, le recours à des bitumes ou à des matériaux dont les sujets tentent vainement de s’extraire évoque une catastrophe écologique de triste mémoire.






  • 30.05.2023 - 04.06.2023
    Ausstellung »
    Cynorrhodon – FALDAC »

    du 30 mai au 4 juin 2023
    74 boulevard Richard-Lenoir – 75011 PARIS
    (notices rédigées par Louis Doucet)



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  • Le dessin est central dans toutes les productions de Nathalie Borowski
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    Cynorrhodon – FALDAC
  • Paradis perdus, Alain Fabreal
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    Cynorrhodon – FALDAC
  • Les Belles Heures du duc de Berry, Roy Forget
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    Cynorrhodon – FALDAC
  • Installation Ce qui percute, Justine Ghinter
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    Cynorrhodon – FALDAC
  • L’artiste tente de structurer un espace essentiellement mental, Florent Girard
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    Cynorrhodon – FALDAC
  • Laurent Gongora s’articule autour de collectes d’objets les plus divers pour constituer de modernes cabinets de curiosités.
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    Cynorrhodon – FALDAC