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macparis printemps 2023

En 2013, lors d’une petite exposition au Musée du Louvre, Roy Forget découvre une enluminure figurant une procession de flagellants, illustrant Les Belles Heures du duc de Berry, œuvre appartenant au Metropolitan Museum of Art de New York. Cette page montre un groupe d’hommes, torses nus, se fouettant, certains avec des visages masqués, d’autres portant de larges chapeaux noirs. Ces individus se flagellaient pour susciter la grâce de Dieu contre les ravages de la peste. En un temps où il n’y avait pas de traitement efficace contre la peste bubonique, ces gestes d’automutilation avaient pour objectif d’exorciser un destin fatal. Les flagellants allaient d’un village à un autre, se fouettaient et fouettaient leurs camarades, récitant des incantations et invoquant la miséricorde divine. La série de tableaux exposée a été peinte sous l’inspiration de cette enluminure, pendant les périodes de confinement de ces dernières années.

Dans ses œuvres, Justine Ghinter, jeune plasticienne, tente de trouver des réponses pratiques à la question de savoir comment des éléments apparaissant dans le champ de vision du spectateur manifestent leur existence à son regard, par quel processus ledit regardeur s’approprie le monde qui l’environne, comment il perçoit, appréhende et fait siennes les notions de forme, de distance, de couleur, de profondeur, de devant et de derrière, telles qu’elles sont projetées dans son espace sensitif…

À travers cet exercice de redéfinition de la peinture, c’est notre rapport à notre environnement extérieur – réel ou imaginé, présent ou en souvenir – et son interpénétration, son tuilage ou son tissage avec notre monde intérieur qu’elle interroge avec une pertinence qui nous dérange. Est-ce nous qui nous projetons sur le monde ou est-ce le monde qui vient se projeter sur nous ? Dans son installation Ce qui percute au regard est fait de contraste, 2020, réalisée dans le cadre d’une résidence à l’Octroi, à Tours, trois projecteurs de diapositives projettent, sur un même écran, des collages semi-transparents, colorés et texturés, montés dans des caches aux dimensions de diapositives standard. L’artiste écrit : « Chaque machine a son propre rythme de lecture automatique, produisant une cadence sonore et visuelle entêtante. Les collages, composés de matériaux divers, apportent leurs qualités plastiques à la composition en termes de couleur, de texture et de forme. L’œil est pris dans le renouvellement constant des combinaisons proposées par les trois plans qui se superposent, s’enchevêtrent et parfois s’annulent. » Nous sommes face à des événements qui, de par leur caractère évanescent, nous échappent.

Florent Girard déclare, au sujet de sa démarche : « Je m’active comme peintre lorsqu’un élément est en rupture avec son environnement : quand les objets et les mots n’ont pas de signification, quand quelque chose ou quelqu’un échappe à son milieu, il y a une incompréhension du réel où seules les formes, les couleurs et les lignes restent. J’expérimente ce que font ces éléments paysagers aux images. De même que je cherche à comprendre ce que ces dernières imposent d’elles-mêmes par leur construction. »

L’artiste tente de structurer un espace essentiellement mental, même s’il recourt à des formes – des signes – appartenant au monde physique, collectées lors de ses divers déplacements. Au fil de la construction, des règles et des contraintes s’imposent progressivement à lui, rapprochant des objets normalement distants les uns des autres, établissant des relations, plus ou moins immédiatement perceptibles, entre des formes-mots – signifiants –, des images – signifiés – et des environnements sémantiques. Les lignes, tels des éléments syntaxiques, établissent la liaison entre les différentes formes, font office de ponctuation ou de conjonction de coordination, pour permettre au regardeur de faire une pause ou de rebondir dans sa lecture de l’œuvre.

Pour autant, les tableaux de Florent Girard ne peuvent pas se réduire à un pur exercice linguistique ou formel, pas plus qu’à une volonté disruptive ou processuelle. Leurs couleurs créent un espace qui est bien pictural, récusant, certes, la perspective et la profondeur, mais pour déployer de vastes panoramas dont les agencements, fruits d’un peintre qui a étudié et compris ses classiques, peuvent séduire les plus réticents.

Le travail de Laurent Gongora s’articule autour de collectes d’objets les plus divers pour constituer de modernes cabinets de curiosités. Certaines pièces sont laissées telles que trouvées, d’autres sont transformées ou hybridées. L’artiste déclare : « Les cabinets de curiosités et leurs légendes, officielles ou personnelles, me touchent et je perpétue encore adulte une pratique enfantine, celle de glaner et collecter des objets aux détours des chemins. J’aime présenter ces trophées et laisser l’ambiguïté à la première lecture sur leur nature et leur provenance. Certains d’entre eux subissent mon intervention, d’autres au contraire sont des ready-mades, à haut potentiel d’interprétations, mon rôle d’artiste étant réduit dans ce cas précis à celui de passeur. »






  • 30.05.2023 - 04.06.2023
    Ausstellung »
    Cynorrhodon – FALDAC »

    du 30 mai au 4 juin 2023
    74 boulevard Richard-Lenoir – 75011 PARIS
    (notices rédigées par Louis Doucet)



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  • Paradis perdus, Alain Fabreal
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  • Les Belles Heures du duc de Berry, Roy Forget
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    Cynorrhodon – FALDAC
  • Installation Ce qui percute, Justine Ghinter
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    Cynorrhodon – FALDAC
  • L’artiste tente de structurer un espace essentiellement mental, Florent Girard
    L’artiste tente de structurer un espace essentiellement mental, Florent Girard
    Cynorrhodon – FALDAC
  • Laurent Gongora s’articule autour de collectes d’objets les plus divers pour constituer de modernes cabinets de curiosités.
    Laurent Gongora s’articule autour de collectes d’objets les plus divers pour constituer de modernes cabinets de curiosités.
    Cynorrhodon – FALDAC