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En suspension

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    10.01.2023 - 25.02.2023

Guillaume Chaussé crée des structures autotendantes filaires en s’appuyant sur le concept de tenségrité, inventé par l’architecte Buckminster Fuller. La tenségrité caractérise la faculté d’une structure à se stabiliser par le jeu des forces de tension et de compression qui s’y répartissent et s’y équilibrent. Les structures établies par la tenségrité sont donc stabilisées, non par la résistance de chacun de leurs constituants mais par la répartition et l’équilibre des contraintes mécaniques dans la totalité de la structure. Ainsi, un système mécanique comportant un ensemble discontinu de composants comprimés au sein d’un continuum de composants tendus peut se trouver dans un état d’équilibre stable. Ce qui signifie, par exemple, qu’en reliant des barres par des câbles, sans les fixer entre elles, on arrive à constituer un système rigide. Suspendues, les œuvres de Guillaume Chaussé sont réalisées avec des tiges de fibre de carbone et des fils dyneema. Elles sont à la fois fragiles dans leur aspect extérieur et incontestablement stables dans leur équilibre interne. En les observant, le spectateur, initialement surpris par le miracle de ces équilibres improbables, prend progressivement conscience des combinaisons de forces antagonistes qui s’opposent et se neutralisent au sein de l’assemblage.

Remy Dubibé crée des installations dans lesquelles la porcelaine est combinée avec d’autres matériaux – cordages, tiges d’acier, bois… – qu’il façonne lui-même. Il déclare : « J’écris des histoires, exprime des sentiments, des climats intérieurs, révèle des ambiances, raconte des mémoires à travers des parcours très visuels, sensoriels et émotionnels de paysages de porcelaine. » Chacune de ces installations est composée de petites pièces uniques en porcelaine non émaillée, posées au sol ou suspendues en grappes dans des tissages. La blancheur de l’ensemble fait penser à des ossements, mais le foisonnement des éléments évoque plutôt une végétation tropicale, celle des vagabondages de la jeunesse de l’artiste, qui aurait été décolorée pour la rendre fantomatique. On peut aussi penser à des restes de récifs coralliens dévitalisés par la pollution marine. Quelle que soit la lecture qu’en fera le spectateur, il ne s’agit pas d’un rendu réaliste de quelques réalités présentes ou passées, mais de réminiscences, de souvenirs distants, de traces mémorielles, constituant ce que l’artiste désigne comme le jardin de sa mémoire, que le visiteur est invité à s’approprier pour y déambuler librement.

Les œuvres de Dominique Moreau – dessins, peintures, sculptures, installations – appartiennent à un univers qui hybride l’animal, le végétal et le minéral. Elles évoquent souvent la terre nourricière, ses fruits, les hommes qui la travaillent et les traces qu’ils y laissent. C’est leur force vitale, génésique, qui irrigue la plupart de ses travaux. On y trouve d’improbables légumes dont les tubercules font irrésistiblement penser aux racines de mandragore, vaguement anthropomorphes et depuis toujours associées à des croyances et à des rituels magiques. Mais il y a aussi des graines, des troncs, des branches, des feuilles, des rhizomes, des membres humains… toutes formes lentement évolutives qui renvoient au processus de croissance organique et à la circulation de la sève ou du sang. Ces œuvres sont souvent présentées en suspension dans une sorte d’apesanteur qui leur confère une présence plus forte, quelque peu déstabilisante pour le spectateur. Les notions de mémoire, de traces et de reliques – au sens étymologique de ce mot : ce qu’on laisse derrière soi – sont aussi centrales dans ses travaux. Le textile (d’origine végétale) est devenu son matériau de prédilection, car il est, sous les diverses formes façonnées par l’artiste, le plus propre à rendre compte de ces oppositions dialectiques entre force et fragilité, inertie et dynamisme, stabilité et croissance, mémoire et oubli… Pour la présente exposition, elle nous propose une série d’œuvres sur le thème des migrants dérivant en suspension dans une mer qui deviendra, trop souvent, leur tombeau.






  • 10.01.2023 - 25.02.2023
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